C.I.M.I. - EXPRESS

Parmi la multitude des errements qui peuvent affecter le jeu d'un musicien amateur sensible et plein d'entrain, la tendance latente ou manifeste à précipiter le rythme semble occuper une place privilégiée.
A l'évidence, il n'existe à cela aucun remède définitif. C'est comme un défaut de fabrication.
Cette vérité vraie a, pour le C.I.M.I. comme pour tous ses semblables, quelques
conséquences diverses.
Cahots. Tangage. Roulis.
Sans parler du risque avéré
de sombrer d'un coup pour de bon. Ni des injures tout à fait
cauchemardesques faites au style, à l'élégance, au bon goût, à l'Art.
Que
faire ?
Deux conceptions s'affrontent.
La première consiste - pour le Chef
comme pour le voisin de pupitre fâchés - à marquer la mesure avec force et
autorité, dans l'espoir que le coupable prendra enfin conscience du tragique
de la situation.
Efficace ? Totalement inefficace. Contre-productif même.
Le
malheureux coupable subit un stress qui agrandit inéluctablement l'espace
séparant son jeu d'avec la mesure.
La seconde (conception) consiste - pour
le Chef comme pour le voisin de pupitre compatissants - à tenter, avec
vaillance et avec vigilance, de se glisser incognito quelque part au milieu
de cet espace maudit qui sépare le jeu du coupable d'avec la mesure.
Efficace ? Inefficace ? La question est plus subtile. Un peu long sans doute
pour un simple "billet du Chef". Le mieux est de s'arrêter ici.
Notons
seulement en passant que jamais nous n'aurons
l'effronterie - coupable - elle-aussi d'affirmer tout haut sans un grand éclat
de rire qu'en toute circonstance le juge, le censeur, le prévôt, sera
justement récompensé ici-bas d'avoir laissé là ses privilèges dérisoires et
d'avoir tenté sans espoir peut-être de se faire acrobate, funambule,
équilibriste, danseur de corde, jongleur ou trapéziste.
Emmanuel Pirard, le 26 octobre 2010
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