Le billet du chef - janvier 2013

 

 

 

 

Parce que le rire est le propre de l'homme (on nous le dit)


 

 

 

 

L'aventure commence un jeudi matin tout ensoleillé de novembre 2011. Le Chef, au volant de sa C3 - le fidèle lecteur des "billets du Chef" sera sans doute tout chagriné d'apprendre ici que le Chef ne dispose pas d'une limousine avec chauffeur mais il lui faut l'accepter c'est ainsi - décide de délaisser son CD favori (l'enregistrement jubilatoire des Douze Fantaisies pour violon seul de Georg Philipp Telemann réalisé en 2007 par Augustin Hadelich, enregistrement qu'il vient de découvrir) pour les ondes, quelquefois moins lumineuses, du troisième programme de la R.T.B.F. D'abord un peu distraite, son oreille est bientôt attirée par une musique qu'il ne peut identifier, musique qui pourrait, peut-être, faire le bonheur du C.I.M.I. Arrivé à destination, le Chef attend tranquillement la fin du morceau et note dans un coin de sa très précieuse mémoire : Giovanni Battista Sammartini.

 

A la même heure, en un autre lieu, une éminente altiste du C.I.M.I., bassoniste à ses heures, par ailleurs très soucieuse de guérir le Chef de son évidente addiction à la musique "del Sigr: / MELANTE", note elle aussi dans un coin de sa très précieuse mémoire : Giovanni Battista Sammartini.

 

Le soir même (nous sommes un jeudi), sans palabres, l'affaire est conclue : avant l'été, le C.I.M.I. jouera Giovanni Battista Sammartini.

 

Chacun s'en retourne chez soi le cœur léger.

 

Le lendemain (vendredi), dès l'aube (dès l'aube ou presque), le Chef prend son téléphone. Une édition "Urtext" lui est proposée. La commande est passée.

 

Quelques jours plus tard, le Chef reçoit le colis attendu.

 

C'est ici que le récit s'intensifie : pour ne pas perdre pied, le fidèle lecteur des "billets du Chef" se doit de rester attentif.

Le Chef ouvre le colis.

Et il lit, un peu ahuri - et il relit, complètement ahuri :

 

PIETRO SANMARTINI

1636-1700/1

SINFONIE

Urtext

 

Juron.

Le Chef n'aime pas trop les conflits.

 

Il prend donc la sage décision (s'il faut appeler cela une décision) de feuilleter la partition.

 

Voilà pourquoi, un jeudi soir, les membres du C.I.M.I. ont eu l'immense privilège de découvrir, lors d'une séance de déchiffrage héroïque, la Sinfonia Sesta, la Sinfonia Settima, la Sinfonia Ottava et la Sinfonia Nona.

 

Voilà pourquoi, un jeudi soir, un membre du C.I.M.I. a provoqué un énorme éclat de rire en proposant un "Grand Concert Apéritif".

 

Voilà pourquoi, un autre jeudi soir, l'éminente altiste du C.I.M.I. déjà citée, bassoniste à ses heures le Chef le confirme personnellement, apporta une bouteille d'un breuvage fort peu recommandable, dont le partage festif scella définitivement le fabuleux projet.

 

Voilà pourquoi enfin, pendant des mois, le Chef et quelques complices se sont attelés à la tâche un peu obscure, et bien plus lourde que prévu, de construire un programme musicale parfaitement cohérent.

 

Le "Grand Concert Apéritif" a finalement eu lieu. Au programme : Giambattista MARTINI, Pietro SANMARTINI, Giuseppe SAMMARTINI et Giovanni Battista SAMMARTINI. C'était le 25 novembre 2012 à 11 heures - 11 heures est exactement l'heure qui convient pour un "Grand Concert Apéritif" (pour un "Petit Concert Apéritif", il vaut mieux choisir midi). A quelques détails près - la perfection etc. -, le concert fut vraiment magnifique. Le Chef remercie une fois encore ses musiciens.

 

Tout est bien qui finit bien.

 

Le "fabuleux projet" - requalifions-le ici sobrement de projet "gentiment délirant" - a été mené jusqu'à son terme. Voilà qui est fondamental pour maintenir le bon fonctionnement du C.I.M.I. On ne le soulignera jamais assez.

 

Il faut toutefois voir les choses en face et rester tout à fait lucide : le grand éclat de rire cathartique et salvateur n'a pas eu lieu.

Tant pis.

Le Chef est défait.

 

S'il avait les moyens d'une telle riposte, s'il pensait un seul instant qu'une telle riposte puisse "nuire à la bêtise", il fustigerait volontiers tous ces super-coincés qui ont prudemment préféré se contorsionner les méninges plutôt que de s'abaisser ou de s'abandonner à esquisser l'ébauche d'un sourire.

 

Le Chef est content.

 

Il a découvert (un peu) Giambattista Martini, Pietro Sanmartini, Giuseppe Sammartini et Giovanni Battista Sammartini. Il les a a décryptés. Il les a travaillés. Il les a aimés. Il les a partagés.

 

Et il a ri.

 

Que demander de plus?

 

SALUTE !






Emmanuel Pirard, novembre 2012

 

 


 


 

 

 

Université de Liège - Culture

Page mise à jour le 8 mars 2013

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